<< Retour aux articles
Image

Mise en place de l’e-CMR : « Une question de génération »

Transport - Route
23/03/2023
Cela fait deux ans que les Transports Cordier, dont le siège social est à Is-sur-Tille (Côte-d'Or), utilisent l’e-CMR pour leurs transports internationaux. Le groupe, spécialiste du transport volumineux, se félicite tous les jours d’avoir fait ce choix technologique qui fluidifie la communication avec ses clients et qui permet d’économiser du CO2, rien qu’en limitant l’utilisation du papier.
Bulletin des transports : Vous avez commencé à migrer sur l’e-CMR après la période des confinements. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Thomas Ormansay, responsable marketing : Nous avions déjà le fournisseur (1), en fait, qui en plus nous a fait une version sur-mesure, adaptée à l’entreprise. On a surtout la chance d’avoir eu un service informatique propre à l’entreprise, qui a implémenté l’e-CMR à notre TMS (Transport Management System) et qui nous a permis d’avoir une hotline à disposition au moment de l’intégration ; ils ont ensuite mis en place une Foire aux questions à destination des conducteurs.  Nous avons implémenté en février 2021 la e-CMR dans notre produit Hyper Data, qui permet à nos clients d’être connectés en temps réel aux prestations que nous effectuons pour eux. Cela a mis à peu près un an pour que le process soit fluide ; pour la formation de nos conducteurs, on a mis au point des tutoriels vidéo sur l’utilisation des tablettes. Entre-temps, nous avons racheté en 2021 les Transports Serge Derval, dont le métier est de faire du groupage en volumineux. Aujourd’hui, tout fonctionne bien, y compris chez eux, l’utilisation de la e-CMR représente presque la moitié de nos opérations, très exactement 42,5 % en deux ans.

BTL : Et vos clients, qu’en pensent-ils ?
T. O. : Pour certains, le changement a été plus difficile que pour d’autres. Certains demandaient cette évolution depuis longtemps, pour le suivi et la traçabilité qu’elle permet. Le fait que toutes les informations – une géolocalisation et un horodatage de la signature, de l’expédition à l’arrivée  – soient disponibles sur la plateforme offre de vrais gains à la chaîne de transport. Une fois que la livraison a eu lieu, chacun reçoit une notification par mél avec, en pièce jointe, le document e-CMR. Tout est archivé sur la plateforme. Pour ceux qui avaient le plus de mal à s’approprier la e-CMR, on a partagé les FAQ que l’on avait faites pour les conducteurs afin de les accompagner dans la transition.

BTL : Comment expliquez-vous que la profession mette si longtemps à s’approprier la variante électronique de la CMR ? Le protocole autorisant la gestion des CMR par voie électronique est entré en vigueur le 5 juin 2008 et la France l’a tout de même ratifié le 5 octobre 2016…
T. O. : C’est vraiment une question d’habitude, et pas que chez nos conducteurs, puisque nos clients doivent aussi s’habituer aux changements que cela implique. C’est aussi une question d’équipements ; avant, nos conducteurs, qui sont au nombre de 350, avaient un smartphone, maintenant ils ont une tablette qui leur sert aussi de téléphone. Elle leur sert à vérifier la conformité de l’expédition au moment de la livraison, c’était une tâche qu’ils ne faisaient pas avant. C’est un peu technique par rapport à la simple signature de la CMR mais ça simplifie les démarches. La facilité à se familiariser à de tels outils, c’est vraiment une question de génération. Mais on a aussi deux dirigeants qui n’ont pas peur d’innover, dont un qui est plus féru de technologies que l’autre. Ils ont aussi mis en place une équipe de recherches et développement pour tester de nouveaux services.

BTL : Vous ne voyez donc que des bénéfices au choix technologique que vous avez effectué ?
T. O. : Oui, plutôt. Les exploitants n’ont plus besoin d’éditer sur papier les documents de transports. Pour le service Facturation, on limite le risque de pertes de papiers, on gère moins d’archives. Pour le service clients, on peut suivre le transport en temps réel. La solution offre une traçabilité efficace puisque l’e-CMR est signée et les informations sont remontées dès sa création, puis à chaque étape de transport jusqu’à la livraison finale. Pour les conducteurs, tout est pré-rempli, ils n’ont plus qu’à vérifier avant de faire signer. On limite aussi notre empreinte carbone : depuis qu’on s’est lancé, on a évité d’utiliser 223 150 feuilles de papier, ce qui équivaut à une économie de 4,8 t de CO2. Nous avons souscrit à la charte « Objectif CO2 » et nous sommes labellisés depuis 2019, il y a une cohérence.

BTL : Pas un seul aspect négatif, pas un ?
T. O. : Bien sûr il y a les caprices informatiques, il y a des zones blanches, l’appli ne marche pas toujours à 100 %... Mais les zones blanches, par exemple, ce n’est pas un problème car tout ce qui a été documenté au moment de la livraison reste en mémoire et est transmis une fois qu’on a récupéré de la connexion. Quant à nous, on peut dire qu’on n’a jamais eu trop de problèmes.

BTL : Comment faites-vous avec vos sous-traitants ?
T. O. : Mais nous n’avons pas de sous-traitant ! Nous travaillons avec nos seuls salariés. Les Transports Cordier se sont fixés pour objectif de digitaliser 100 % des lettres de voiture via l’application TransFollow Drive d’ici 2025 (N.D.L.R. : cela correspond à la date à laquelle les gouvernements européens seront obligés d’accepter les documents de transport par voie électronique).

(1) Les Transports Cordier ont choisi de faire appel à TransFollow, un produit de la société Viaservice BV (Amsterdam). (2) Le règlement européen concernant les informations électroniques relatives au transport de marchandises (eFTI) est entré en vigueur en août 2020. Ce règlement contraint les États membres de l’UE à accepter les informations sur le transport de marchandises sous forme électronique à partir du 21 août 2025.

Propos recueillis par Natalie Grange

 
Source : Actualités du droit